La conférence proposée par le Café pédagogique au salon professionnel de l’éducation s’intitulait « Feedback et intelligence artificielle dans les ressources pédagogiques ». Vanda Luengo, professeur universitaire à la Sorbonne en informatique y a exposé ses recherches sur les rétroactions/feedback. Comment les rétroactions élaborées agissent-elles sur l’apprenant ? Quels liens possibles avec les modules d’intelligence artificielle ?
Qu’est-ce que la rétroaction ?
« La rétroaction (ou feedback) est une information fournie par un agent concernant certains aspects de la performance ou de la compréhension d’une personne », explique Vanda Luengo. « On a une intention quand on donne un feedback à un élève. C’est cette intention qui est importante ». La place et l’analyse de l’erreur sont donc des informations clés pour mettre en œuvre une rétroaction la plus adaptée et celle qui permet le mieux le progrès de l’élève. « Il faut comprendre l’erreur pour améliorer la performance ou la connaissance ». La chercheuse distingue d’emblée la performance de la connaissance d’un apprenant.
Au cours de la conférence, les différents types de rétroaction sont passés en revue par Ia chercheuse. En géométrie, arithmétique, physique ou encore médecine, les exemples sont multiples et l’aide accordée varie entre un apport connaissance, un conseil sur l’attitude à avoir mais aussi sur le moment d’intervention de l’enseignant. « Le feedback différé permet à l’apprenant de finir sa tâche« , note Vanda Luengo qui expose ses travaux de recherche portant sur la modélisation informatique des interactions favorisant l’apprentissage humain dans une approche combinant les connaissances expertes et l’analyse de traces numériques d’apprentissage. « Ces recherches ont pour objectif de trouver les méthodes, modèles et algorithmes qui permettent d’améliorer ces interactions ».
Quels impacts des rétroactions sur les apprenants ?
« Il y a un effet positif quand la rétroaction est élaborée avec des informations sur la tâche, le processus et parfois le niveau d’autorégulation« . La rétroaction élaborée contient des explications et un support métacognitif. Pour Vanda Luengo, les apprenants tirent un grand bénéfice du retour d’information lorsque celui-ci aide non seulement à comprendre les erreurs qu’ils ont commises mais aussi à comprendre pourquoi ils les ont commises. La remédiation trouve donc une place importante dans les progrès. Enfin, l’intervenant notre que « les formes simples de renforcement et de punition ont peu d’effets sur les progrès ».
« Actuellement, il n’y a pas suffisamment de recherches sur l’impact de l’engagement des élèves et de l’aspect émotionnel vis à vis des rétroactions. Il faut encore travailler sur la qualité des données françaises pour les programmes d’IA à venir« , conclut la spécialiste qui voit d’ailleurs dans l’IA générative « une opportunité qui nécessite du temps de formation ».
Durant les trois jours, l’intelligence artificielle et ses conséquences multiples dans le monde éducatif étaient les sujets majeurs dans les allées du salon Educatech. De son côté, le ministère va appuyer les formations à destination des enseignants dans les 2 prochaines années. « Il faut que les enseignants maîtrisent les grands principes de l’IA. Celle-ci doit trouver sa place à l’école pour éviter de creuser encore plus les inégalités », nous glisse-t-on en haut lieu. Le vaste projet de formation AI4T devrait être la tête de pont de ces formations. Déjà en 2020, une étude québécoise préparait les esprits.
Julien Cabioch
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