Les concours de professeurs ont-ils attiré plus de candidats cette année ? Pas vraiment à en croire les chiffres du Ministère. Alors que le ministre Pap Ndiaye se disait rassuré par le fait que le concours exceptionnel pour les contractuels fasse le plein, c’est loin d’être le cas pour les autres concours de professeurs, ce qui annonce une rentrée 2023 tout aussi problématique que celle de 2022.
Pour rappel, à la rentrée 2022, ce sont 4 000 enseignants qui manquaient à l’appel. Job dating, annonces sur Pôle emploi ou encore le bon coin… ont permis de boucher les trous – nombreux en mathématiques, langues et dans les écoles du premier degré des académies de Créteil, Guyane ou encore Versailles. Des contractuels recrutés à la va-vite, formés en quatre jours, quand formation il y a, parachutés dans des classes sans même savoir ce que représente un élève.
Afin de pérenniser ces personnels, le Ministre avait annoncé un concours exceptionnel de titularisation dans les académies de Créteil, Versailles et de la Guyane pour ceux ayant 18 mois d’ancienneté. 370 places leur sont ainsi réservées. Pour autant, quoiqu’en dise la rue de Grenelle, ce concours, qui est certes une réponse pour lutter à la précarité de ces enseignants, ne résoudra pas la crise d’attractivité que rencontre le métier de professeur. Les chiffres des candidats inscrits aux concours le montrent clairement.
Plus de 30 000 candidats en moins qu’en 2019 pour le CRPE
« 61 561 inscriptions sont recensées aux concours de professeur des écoles (CRPE) soit une progression de 10,2 % par rapport à la session 2022 » peut-on lire sur le site de l’Éducation nationale. C’est 6 604 candidat de plus qu’en 2022 mais près de 38 000 de moins qu’en 2021 (où ils étaient 99 535), 26 332 de moins qu’en à 2020 – pourtant année du Covid19 qui a fortement bouleversé l’organisation du concours, et 30 160 de moins qu’en 2019. Autant dire que dans le premier degré, le choc d’attractivité n’a pas eu lieu.
Près de 15 400 candidats en moins pour le CAPES
Pour le Capes, concours principal du second degré, le ministère déclare 29 849 candidats inscrits. C’est 2152 de plus qu’en 2021, mais 10 396 de moins qu’en 2021, 1400 de moins qu’en 2020 (année de Covid19) et 15 396 de moins qu’en 2019 ! Là aussi, le choc d’attractivité est loin d’avoir eu lieu.
Alors que le ministère arguait que le manque de candidats de la précédente édition des concours était dû à la réforme du concours – le transfert du recrutement de M1 à M2, cet argument ne saurait expliquer la situation actuelle. Les annonces de revalorisation pour créer le choc d’attractivité n’auront pas eu le succès attendu…
Pour les concours du premier degré, ce sont généralement entre 25 et 30 % des inscrits qui se présentent. Pour le second degré, c’est à peu près la moitié. La rentrée 2023 risque donc d’être tout aussi catastrophique que la précédente…
Lilia Ben Hamouda