« Que signifie revaloriser ? »
« Nous avons à plusieurs reprises entendu notre Ministre annoncer qu’il voulait revaloriser la Technologie au cycle 4. Pour le moment, ce terme « revaloriser » n’est qu’un élément de langage à destination de la presse et des électeurs. Que signifie concrètement revaloriser ? », lance l’Assetec (association nationale pour l’enseignement de la Technologie) lors d’une rencontre le 28 févier au ministère de l’Education nationale.
Même étonnement pour l’UDPCC (union professeurs physique chimie) et l’APBG (association des professeurs de biologie et de géologie) : « pourquoi n’y a-t-il pas eu une consultation dès le début de l’année ? Pourquoi une telle urgence ? ». Les associations dénonçaient déjà dans leur communiqué commun du 13 février « ce choix purement comptable » ainsi « qu’une absence totale de vision pour l’avenir scientifique, technologique et industriel de la nation qui devra pour exemple fournir 200 000 emplois techniques pour la filière électrique d’ici 2030 ».
Concernant la découverte des métiers « il y aura bien des activités de découvertes des métiers dès la 5ème. Il n’est pas prévu 3 heures hebdomadaires tout au long du cycle 4 consacrées à la découverte des métiers. Le volume horaire n’est pas arrêté à ce jour », aurait indiqué la rue de Grenelle lors de la rencontre du 28 février dernier (cf compte bilan de la rencontre).
Quelques questions plus concrètes qui vont se poser à court terme dans les établissements restent sans réponses. « Qui va prendre en charge la gestion de Pix en 6ème ? Il en va de même pour l’utilisation de l’outil informatique, des codes, du réseau et de l’ENT », note le président de Pagestec (association pour le développement, la promotion et la défense de la discipline Technologie au collège).
De nouveaux programmes souhaités rapidement
Concernant les futurs programmes, les 3 représentants du ministre aurait répondu « qu’ils ne peuvent pas préciser les contenus ou le calendrier mais sont l’écoute de des propositions ». Ils ajoutent qu’il serait bon que la lettre de saisine pour le CSP (conseil supérieur des programmes) puisse partir le plus rapidement possible. Les propositions de programmes du cycle 3 sont attendus mi-mars et celles du cycle 4 mi-juin. « On ne peut pas savoir pour le moment s’il y aura au moins un enseignant de technologie dans le groupe d’élaboration des programmes pour le cycle 4 », aurait noté le cabinet.
Le ministère aurait confirmé les inégalités selon les établissements concernant les pratiques scientifiques en laboratoire « Pour les groupes à effectifs réduits, ce sont des décisions qui doivent être prises au sein des établissements et le ministère ne peut pas donner l’injonction aux chefs d’établissement de privilégier les groupes pour les sciences expérimentales ».
Pourtant, lors d’un échange le 7 février dernier avec les professeurs de SVT, « la Dgesco semblait sensible à la possibilité d’un fléchage pour des groupes en sciences expérimentales », relayait l’APBG. A suivre donc…
Bientôt un programme 100% numérique ?
Pour l’avenir, l’AEET (association européenne pour l’éducation technologique) souligne qu’ « il ne faut pas réduire la Technologie à l’enseignement de l’informatique et à la programmation de robots. Elle doit être centrée sur l’objet et les compétences manuelles ». Réponse du ministère : « La seule discipline dans laquelle les élèves construisent est l’art plastique. Aucune autre discipline ne porte sur l’objet. Il y a des enjeux forts à faire travailler les élèves sur les sujets informatiques mais aussi sur la pratique manuelle ». Le cabinet du ministre dit s’appuyer sur le rapport de l’Académie des Technologies. Cette dernière déplore toutefois la suppression de l’heure de technologie au collège dans son communiqué du 16 janvier.
Les associations rétorquent que « l’objet est bien au centre de notre discipline. La Technologie c’est la science des systèmes techniques, c’est la base de notre discipline. De nombreux collègues travaillent sur des concours de robotique et il faut bien les construire ces robots. Les élèves doivent proposer des solutions à partir d’un cahier des charges, concevoir des prototypes, le tester et le comparer aux attentes initiales. Combien d’enseignants travaillent avec des collègues d’EPS, d’anglais, d’art plastique ou s’appuient sur des problématiques locales pour faire émerger des besoins et y répondre en faisant fabriquer des systèmes techniques à leurs élèves ».
Des programmes axés sur le numérique à l’image des NSI (Numérique et sciences informatiques) au lycée sont à l’étude pour les futurs collégiens.
Julien Cabioch
Bilan de la rencontre du 28 février
Lire le communiqué du 13 février
Audience Dgesco / APBG du 7 février
Dans le Café
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