Depuis 2018, la loi de transformation de la Fonction Publique impose de lutter pour l’égalité femmes-hommes. Pourtant, le chemin semble encore très long. Le ministère de l’Éducation nationale se démarque par le projet de revalorisation des enseignants et enseignantes à contre-courant d’une évolution vers plus d’égalité et par le manque de moyens alloués à la lutte contre les violences sexistes et sexuelles.
La loi de transformation de la Fonction publique de 2018 a institué une obligation d’actions pour l’égalité entre les femmes et les hommes. Plusieurs axes de priorité en ont découlé : un meilleur pilotage en faveur de l’égalité, la gestion de la question de la ségrégation professionnelle, l’éradication des écarts de salaires et de carrières, une meilleure articulation entre la vie professionnelle et personnelle et enfin, la lutte contre les violences sexistes et sexuelles.
À partir de cette loi de transformation, le ministère a signé un plan d’actions en décembre 2020. L’axe pour lequel les avancées sont les moins flagrantes est celui de l’éradication des écarts de salaires et de carrières. « Et cela ne va pas aller en s’arrangeant » nous confie Sigrid Girardin, co-secrétaire générale du SNUEP-FSU. « La partie socle de la revalorisation n’agira pas pour réduire les inégalités et la partie pacte va les aggraver. On sait que lorsqu’il s’agit d’effectuer des heures supplémentaires, les femmes sont les grandes perdantes. La vie globale des femmes est beaucoup plus contraignante ».
Quant à l’axe 5, celui de la lutte contre les violences sexistes et sexuelles, « on a obtenu la création de cellules d’écoutes » reconnait la responsable syndicale mais faute de moyens, elles ne peuvent exercer leurs missions. « Il n’y a eu aucune campagne au niveau national qui permettrait de les populariser, elles ne sont pas vraiment effectives ».
Des référent·es violence sexistes et sexuelles sans aucun moyen
Les organisations syndicales ont aussi obtenu la création de référents et référentes violences sexistes et sexuelles au niveau de chaque académie et une au niveau national. Ces personnels devraient bénéficier de décharges syndicales pour occuper leur fonction. Depuis trois ans, il n’en est rien. Une situation que dénoncent la FSU, le Sgen-Cfdt, la CGT Éduc’Action, le Snalc et Sud éducation dans un communiqué. « A contre-courant des engagements oraux du ministre lors de l’installation du comité social d’administration le 9 février 2023, en dépit de l’inscription de cette obligation dans le plan national d’action pour l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes, signé en décembre 2020, le ministère vient de refuser de dédier des moyens pour le/la représentant·e des personnels qui exercera la fonction de référent·e violences sexistes et sexuelles. Par ce refus, le ministère semble confirmer une position de façade en termes d’égalité professionnelle. Il ne se donne pas tous les moyens pour faire de la lutte contre les violences sexistes et sexuelles une priorité ».
Malgré les discours politiques de l’Élysée et de la rue de Grenelle, la lutte pour l’égalité femmes-hommes est loin d’être une priorité, surtout avec un projet de réforme de retraites qui va pénaliser les femmes…
Lilia Ben Hamouda