Dans un rapport publié le 4 janvier, l’Inspection Générale dresse le bilan de la première année des PPPE – Parcours préparatoires au professorat des écoles – censées être l’une des solutions à la crise du recrutement des Professeurs des écoles.
Recrutés après le bac, de jeunes étudiants et étudiantes, qui se projettent dans le professorat des écoles, intègrent cette licence dont le temps de formation est dispensé en lycée et à l’université. A la rentrée 2022, 49 PPPE proposaient 1572 places contre 25 PPPE et 815 places lors de la rentrée précédente. Selon les rapporteurs de la mission, le nombres de candidats a augmenté de 56% entre les deux années, ils indiquent un taux de pression de 8,1 candidats pour une place dans cette licence spécifique.
En 2021/2022, 91% des places ont été pourvues. Sur les 740 étudiants admis, 79,6 % sont des élèves de terminale et parmi les élèves de terminale admis, 86 % ont un bac général, 10 % un bac technologique et 4 % un bac professionnel. « Sur les 589 élèves de terminale admis en PPPE, 77,8 % ont obtenu une mention au baccalauréat, taux supérieur de 4,4 points au taux national en 2021 » souligne le rapport. A l’image du métier, 83% des étudiants sont des étudiantes.
Une déperdition d’étudiants moins importantes que pour les autres licences
Lors de la visite de la mission au second semestre de l’année, la mission relevait 629 étudiants présents, soit une déperdition de 12,5% d’étudiants en cours d’année. « Les abandons ou réorientations es étudiants en PPPE en cours d’année universitaire ont été nettement plus limités que ce qui est généralement constaté en licence ». La mission propose un recrutement en L2 pour compenser les places laissées vacantes.
L’origine scolaire des étudiants semblent marquer leur parcours. « Tant en français qu’en mathématiques, les professeurs signalent des difficultés pour des étudiants issus de filières technologiques ou professionnelles qui ne leur ont pas permis d’acquérir les bases nécessaires dans la discipline et parfois même d’étudiants issus de bacs généraux, en particulier en mathématiques, lorsque ces étudiants n’ont pas suivi d’enseignement de mathématiques au-delà de la seconde » soulignent les inspecteurs généraux. Le rapport précise que ces difficultés, en français, relèvent du domaine de la maîtrise de la langue (correction syntaxique et orthographique) et en mathématiques, elles sont souvent liées à des « a priori très négatifs sur la discipline ». Plus généralement, les difficultés se concentrent dans la partie universitaire.
Afin de pallier les difficultés et l’échec de certains étudiants, la mission recommande de « recueillir un maximum de candidatures de haut niveau et donc de s’assurer que les PPPE soient bien connus des enseignants de lycée et des élèves de première et de terminale… ». « Toutes les licences n’ont pas le même degré de pertinence pour la formation de futurs PE. Les licences de sciences de l’éducation ou celles relevant des disciplines enseignées à l’école primaire devraient être privilégiées » complète le rapport.
Inquiétudes quant à la poursuite des études en MEEF
En termes de perspectives, certains chefs d’établissements et enseignants ont fait part de leur inquiétude sur la poursuite de scolarité de leurs étudiants et sur la possibilité pour ces derniers d’intégrer un master. Une inquiétude que ne partagent pas les auteurs du rapport, « tout porte à̀ croire que les étudiants qui auront suivi un PPPE disposeront des prérequis pour suivre un master MEEF… Certains INSPÉ réfléchissent déjà à cette intégration d’un public qui sera sans doute mieux préparé au master MEEF, tant sur les fondamentaux que sur les connaissances du système éducatif, que les étudiants accueillis actuellement ».
Peu de moyens alloués
Du côté des moyens, plusieurs proviseurs et enseignants auditionnés tenaient à souligner « les difficultés qu’ils rencontrent concernant les heures allouées par le rectorat, qui selon eux ne couvriraient pas l’intégralité́ des besoins ». La mission reconnaît « des écarts importants dans l’attribution des moyens selon les académies lors de la première mission, menée en début d’année universitaire ».
Les crédits de fonctionnement pour l’achat de livres, de matériels – les consommables – semblent aussi faire défaut. Une situation qui s’expliquerait par la non-comptabilisation des élèves de PPPE par les régions selon le rapport.
Pour la mission, le bilan des PPPE est plutôt positif. Elle préconise leur généralisation « Les besoins de recrutement importants que connait la France en professeurs des écoles – environ 10 000 recrutements chaque année – conduisent à̀ recommander de disposer de PPPE en mesure de fournir chacun une trentaine d’étudiants au master MEEF premier degré chaque année, ce qui nécessite que chacun accueille entre 40 et 50 étudiants en L1 compte tenu des abandons, des réorientations et des échecs ».
Les PPPE seront-ils la réponse à la pénurie de candidats au concours ? Il est bien trop tôt pour l’affirmer. Une formation spécifique pour les enseignants du premier degré laisse par ailleurs présager un décrochage par rapport aux professeurs du second degré.
Lilia Ben Hamouda