C’est vrai que c’est un temps très français, ça, le futur antérieur. Hé bien « l’école du futur » présentée par le président de la République, c’est ça : l’école du futur antérieur. Nous, enseignants, apprenons ainsi que nous pourrions recevoir une prime de 10% si nous nous engageons dans les nouvelles missions qui sont déjà les nôtres depuis un gros, gros bout de temps : orientation et suivi des élèves, remplacements de courte durée, je suppose clubs et projets pédagogiques, bref tout ce qui constitue notre quotidien.
Oh attendez, j’ai des idées : on pourrait aussi faire du soutien, organiser des ateliers de remédiation lecture, ou numératie, et puis aussi, on pourrait rencontrer les parents des enfants en difficulté pour travailler ensemble à leur réussite. Et puis même, on pourrait accompagner les familles en détresse, participer à des concours et des rallyes, travailler avec le milieu associatif et de l’entreprise pour travailler le projet d’orientation des élèves, aller voir les élèves en stage, les emmener en sortie scolaire, et même le soir à l’opéra, nous préoccuper de leur santé et de divers pans de leur éducation… Et puis même, même, on enseignerait et on leur apprendrait plein de trucs fantastiques et on les aiderait à grandir. Comment ça on fait déjà tout ça ??? Mais alors personne n’innove ? Hé si nous innovons toutes et tous en cherchant comment aider chacune et chacun de nos élèves, toujours autres et singuliers, tout en respectant qui nous sommes, personnellement et professionnellement.
On apprend aussi que celles et ceux qui accepteront ces missions (plutôt ceux, d’ailleurs, vu la réparation des tâches dans encore la majorité des couples hétéros…) toucheront une prime de 10% par mois, « qui pourra représenter jusqu’à 20 % d’augmentation », selon Pap Ndiaye. Et là, je m’interroge sur ce passage de 10% à 20%. Mais j’ai une grosse fièvre, alors peut-être suis-je en train de rigoler bêtement devant mon ordi…
Sinon, il y aurait quelque chose qui serait vraiment super innovant : avoir un ministre, voire un gouvernement, qui sait de quoi il parle, qui ne décide pas de faire des déclarations pour bourrer le mou de l’auditeur lambda (en le méprisant ainsi au passage), mais qui œuvre à un véritable de projet de société.
Ça, ce serait vraiment fou.
Claire Lommé