Comment les enseignants de SVT se projettent-ils dans l’année prochaine ? Entre les travaux pratiques, les programmes et le grand oral, les SVT au lycée demandent une certaine maîtrise du timing sur l’année. Virginie Marquet et Pierre Viora, enseignants de SVT au lycée français de Vienne, donnent des livrets de cours à leurs élèves dès la rentrée. Des autocorrections, les schémas annotés et leurs TP sont ainsi facilement accessibles aux apprenants. Leur site internet regorge de ressources notamment pour les épreuves expérimentales (ECE) et le Grand Oral. « Tout ce qui concerne le corps humain passionne les élèves », constatent les enseignants qui donnent de nombreux conseils aux nouveaux professeurs.
Comment se prépare votre prochaine rentrée ?
Pour la rentrée, nous préparons les livrets de cours que nous donnons à chaque élève. Ils en ont un par thème. Ils contiennent le cours, le QR code qui leur permet d’accéder à l’autocorrection des exercices, des schémas à connaître et bien sûr les TP.
Pour suivre le travail des élèves en TP au lycée, nous créons des dossiers dans lesquels ils mettront l’ensemble de leurs comptes rendus. Cela permet de les corriger en ligne mais également d’éviter l’envoi de travaux par email ou par Pronote, tâche trop chronophage quand on a plus de 220 élèves. A la fin de l’année, au moment des révisions, l’ensemble de leurs travaux corrigés est regroupé en un seul et même endroit. Les élèves peuvent constituer un sommaire des TP.
Nous peaufinons l’ensemble des activités autocorrectives qui sont mises à la disposition des élèves. Certains les font plus de 20 fois. C’est ainsi qu’ils mémorisent le cours ! C’est également bien pratique pour les élèves absents : ils peuvent revoir le cours en autonomie. Pour les élèves à besoin particulier, c’est un support en plus pour revoir tranquillement à la maison certaines notions. Je compte également préparer un jeu de révision avec des cartes pour les aider à mémoriser le cours et les schémas importants.
Que trouve-t-on sur votre site internet ?
On y trouve les cours du lycée. Chaque thème est découpé en plusieurs séances. Chaque séance est prévue pour durer le temps hebdomadaire (1h30 en seconde, 1h en enseignement scientifique et 4 ou 6 h en spécialité). Chaque séance a sa page dédiée qui est partagée en deux parties :
D’un côté, le coin élève : on y trouve le cours rédigé avec les ressources numériques utilisées en classe, les schémas annotés et le QR code renvoyant à des exercices autocorrectifs (texte à trou/QCM/ exercice de glisser déposer/ sujet bac). A la fin de ce coin élève, il y a une partie dédiée aux curieux : ils peuvent visionner des vidéos, écouter ou lire des articles, découvrir de nouveaux métiers.
De l’autre, le coin professeur donnant les savoirs/savoirs faire correspondant à la séance, un lien vers la correction du TP, des ressources utiles ou la source de certaines informations.
De cette page de séance, on accède aux différents TP qui durent 2h en spécialité, 1h30 en seconde. Chaque page TP possède également deux parties. Avec le coin élève, il y trouve le matériel à sa disposition, ce qu’il doit avoir compris à la fin du TP (très utile pour l’auto évaluation), les objectifs et la production attendue. Et avec le coin professeur : fiche technique pour la préparatrice ou des liens utiles. Ces pages TP restent privées, avec un code d’accès que je donne volontiers aux collègues qui le souhaitent. Cela évite d’être pillé par des sites qui proposent ensuite mes TP sans me créditer.
Les élèves et les professeurs accèdent également à des ressources pour préparer l’ECE, l’écrit ou le Grand Oral. Ce sont les pages les plus visitées.
Vous proposez beaucoup de ressources pour préparer les lycéens au grand oral. Quel regard avez-vous sur cette épreuve ?
Le Grand Oral développe des compétences utiles pour le parcours universitaire puis professionnel de nos élèves : travail en autonomie, recherche scientifique pour constituer une bibliographie, pratique de l’oral. Nous avons la chance d’avoir une heure tous les quinze jours en plus dans notre emploi du temps pour former les élèves au grand oral : ils font du théâtre, de la rhétorique, ils se filment.
Deux contraintes sont difficiles à prendre en compte pour une présentation orale scientifique :
L’absence de support visuel, en totale opposition avec ce qui est attendu à l’écrit (texte accompagné de schémas) et avec les exposés habituellement présentés en SVT. Les élèves peuvent fournir au jury une feuille présentant quelques figures tracées pendant le temps de préparation ; hélas peu le font, et les schémas sont souvent de piètre qualité, il faut absolument améliorer ce point pour les sessions ultérieures.
Pour lutter contre le plagiat (trouver un sujet tout fait sur Internet), nous avions imposé une expérience de labo dans le cadre des TPE. Cela n’étant pas possible pour le Grand Oral, nous constatons dès la 2ème session des sujets très ressemblants entre candidats, et facilement retrouvés sur le web. Il est vrai que l’évaluation du Grand Oral porte surtout sur la prestation orale, mais celle-ci est évidemment impactée quand le candidat semble découvrir en même temps que le jury la question qu’il a choisi de traiter…
En ce qui concerne la préparation sur le temps scolaire, elle se fait nécessairement après les écrits (avec toute la difficulté de boucler le programme avant cette échéance) et, pour les SVT, en même temps que la préparation de l’ECE et que les derniers chapitres du programme de spé. Certains élèves arrivent à mener tout cela de front, d’autres beaucoup moins. Ils manquent alors de relecture, d’entrainement, et cela se voit lors de l’épreuve (autant sur le fond que sur la forme). On regrette un peu les deux heures hebdomadaires incluses dans l’emploi du temps pour préparer les TPE.
Quels sont les chapitres les plus appréciés par les élèves dans les nouveaux programmes ? Pourquoi ?
Les élèves adorent les thèmes qui touchent particulièrement le corps humain. En seconde, c’est évidemment le thème sur la reproduction. En spécialité, celui sur la génétique ou celui sur le comportement/stress. La plupart de nos élèves choisissent cette spécialité pour faire médecine par la suite. Tout ce qui concerne le corps humain les passionne. Ils regrettent qu’ils n’y ait pas plus de SVT en seconde ou au moins le même volume horaire qu’en physique.
Des conseils à donner pour les nouveaux enseignants de SVT ?
La préparation de cours demande beaucoup de temps, c’est normal surtout au début. Il faut être une véritable éponge au début et écouter les conseils promulgués par les collègues. Ne pas hésiter à marcher dans leur pas et s’ouvrir à toutes les pédagogies. Les préparateurs/trices peuvent être également des ressources pour aider à mettre en place les TP. On se sent parfois petit par rapport à certains collègues qui ont 10 ans, 20 ans de bouteille. Je me rappelle d’une sortie au volcan de la Réunion avec Alain Barrere, collègue de mon lycée en même temps que conseiller pédagogique pour l’observatoire volcanologique. Tout semblait inné pour lui. Je n’osais prendre la parole et expliquer aux élèves. J’ai observé son attitude, sa manière de se placer, son ton. Tout est formateur. Il faut juste ouvrir les yeux et écouter.
Si vous êtes seul dans votre établissement, utilisez les réseaux sociaux, l’APBG. C’est une mine d’information et d’entraide. La communauté des professeurs de SVT est très soudée et il existe de nombreux liens pédagogiques entre collègues. Chaque jour, je réponds aux questions des néo titulaires. Ils se posent des questions sur la programmation annuelle. Ils ne savent pas comment organiser sur 23 semaines le programme. Notre site par séance les aide beaucoup pour bien comprendre l’articulation annuelle.
Les néotitulaires se posent des questions aussi sur la place des travaux pratiques. Ils veulent comprendre comment les insérer dans la programmation. Nous leur expliquons comment nous fonctionnons. La séance démarre souvent par une présentation de la notion à acquérir (souvent un ou deux schémas à connaître sont expliqués). Puis les élèves se lancent dans la résolution d’une problématique scientifique en réalisant les manipulations qui sont à leur disposition. Ils travaillent ainsi les 4 étapes exigibles à l’ECE. On peut évaluer une des 4 étapes. Cela dure environ 1h30 si on a deux heures. Le professeur n’est là que pour les guider, les accompagner dans cette découverte.
Les élèves aiment beaucoup manipuler. C’est ce qu’ils ne peuvent pas faire à la maison. C’est la partie la moins facile à mettre en place car la formation initiale puis la formation continue sont primordiales pour être à l’aise. Aucun livre scolaire ne vous propose les TP tels quels. C’est sûrement pourquoi sur notre site, ce sont les TP qui sont les plus consultés. Il faut bien sûr les adapter aux matériels qui sont propres à chaque établissement.
La part de la préparation de l’écrit du bac se fait en classe lors de TD. On prend des annales de bac en spécialité et on étudie la méthodologie. Demander un compte rendu de TP est old fashion mais cela oblige les élèves à retranscrire à l’écrit ou à l’oral leur pensée. C’est très formateur. On voit très vite s’ils ont compris ou pas. Cela fait également travailler la démarche scientifique.
La part de l’oral : on peut demander que certains travaux comme l’étape 1 de l’ECE soit faite à l’oral. On peut également faire faire des exposés aux élèves. Dernièrement, les classes de seconde de notre lycée ont participé à un projet de la Clemi lors de la semaine de la presse. Ils ont joué le rôle d’un reporter qui suit un procès. Écouter des intervenants, en faire une synthèse avec son camarade et rédiger en moins de 2h un reportage oral est très formateur. Ce projet rentrait parfaitement dans le thème reproduction en classe de seconde.
Propos recueillis par Julien Cabioch
Dans le Café